Les temps modernes ou la machine à broyer

Les temps modernes Olivier Truong

Les temps modernes ou la machine à broyer

La Bienveillance relève toujours du domaine de la relation interpersonnelle parce qu’elle est d’abord attention à autrui. Mais l’environnement dans lequel les personnes évoluent peut être plus ou moins propice au développement d’attitudes bienveillantes.

Trois types d’environnements influencent profondément les individus : l’environnement familial, l’environnement professionnel (en pratique dans les pays développés : l’entreprise) et l’environnement sociétal (en pratique : la communauté nationale à laquelle chacun appartient).

Dans l’espace familial, la nature des relations qui s’installe entre les parents, entre les parents et chacun de leurs enfants, et entre les enfants eux-mêmes joue un rôle très important dans le rapport au monde, et donc aux autres, que chacun des membres de la famille va construire. Il en est de même dans l’environnement professionnel et dans l’environnement sociétal.

Aucun de ces trois environnements ne détermine de manière absolue la propension des hommes et des femmes à adopter ou non des attitudes de Bienveillance les uns envers les autres, car la Bienveillance ne procède d’aucun déterminisme. Mais chacun de ces environnements exerce une influence, positive ou négative, sur les individus qui en sont partie prenante : selon les cas, ils poussent ou non tout un chacun à la Bienveillance. En ce sens, on peut dire que la Bienveillance ne relève pas seulement du domaine des relations interpersonnelles. Les environnements familiaux et amicaux, professionnels et nationaux, ont un rôle à jouer dans l’émergence d’une culture de la Bienveillance.

Pour mieux s’en convaincre, il suffit de penser aux environnements politiques récents dans notre histoire (le nazisme ou les dictatures communistes) qui ont favorisé l’inverse d’une culture de Bienveillance, c’est-à-dire une culture de défiance et de méfiance.

Tout ceci n’empêche pas que, même dans des conditions politiques extrêmes, des actes de Bienveillance subsistent, au risque même de la vie de ceux qui les ont initiés. Ainsi va l’humanité qui sait être sublime même dans les circonstances les plus atroces. Mais il reste que toute cette malveillance aura influencé, pour le pire, des millions d’hommes et de femmes qui, par intérêt ou par conviction, se seront faits les serviteurs ou les apôtres de ces systèmes.

Dans l’environnement professionnel en général et dans l’entreprise en particulier, il existe aussi des organisations qui n’incitent pas à la Bienveillance.

Le propre de ce type d’organisations est d’instrumentaliser la personne humaine au profit de l’organisation elle-même. Ainsi, dans ce schéma, la personne est réduite à sa capacité d’obéissance. Le manager considère qu’il commande, mesure et contrôle. Le reste des collaborateurs doit appliquer à la lettre et sans contester les décisions prises. Les employés sont avant tout considérés comme des ressources anonymes et interchangeables. Le risque principal de ce type d’organisations est celui de l’autoritarisme, voire celui de la tyrannie.